MyCO2, le calculateur d'empreinte carbone personnelle par Carbone 4, accorde une attention particulière à la rigueur de calcul et à la pertinence de sa méthodologie.

Le 02 mai 2022

I. Contexte


Depuis 2019, nous avons développé un calculateur interactif basé essentiellement sur l'expertise Carbone 4. Nous menons depuis un double travail d'amélioration : une amélioration continue de notre modèle de calcul d'une part et une amélioration de la méthode officielle de l'empreinte carbone moyenne via notre participation au groupe d'experts constitué par le Ministère de la Transition écologique d'autre part.

En janvier 2022, nous avons complété l'approche du Ministère pour aboutir à une vision graphique et pédagogique de l'empreinte carbone moyenne en France de 9,9 tCO2e / personne 1. Depuis janvier, le chantier méthodologique de calibrage a été lancé : nous avons comparé les données issues de MyCO2 avec la moyenne de l'empreinte carbone pour identifier les écarts et les expliquer !

En effet, plusieurs méthodes de calcul de l'empreinte carbone existent :
  • La méthode microéconomique s’appuie sur les Analyses de Cycle de Vie (ACV) de produits. Il s'agit de la méthode privilégiée des calculateurs d'empreinte carbone personnelle, dont MyCO2 jusqu'à présent, qui fait appel aux facteurs d'émissions de la base carbone de l'ADEME, qui elle-même exploite les ACV issues de différentes sources !
  • La méthode macroéconomique, grâce aux tableaux entrées-sorties (TES) de la comptabilité (économique) nationale, rend possible une approche plus systémique ! Cette démarche est aussi souvent utilisée par les entreprises qui analysent leurs flux sur l'ensemble de leurs activités (achats, sous-traitance, etc.).


II. La méthode microéconomique, l'ACV


La méthode microéconomique est celle communément utilisée dans les calculateurs d'empreinte carbone. On utilise en effet des facteurs d'émissions qui sont issus de différentes sources, de différents rapports, souvent d'analyses de cycle de vie de produits.

Cette méthode d'analyse de cycle de vie modélise, tout au long de la vie d'un produit, les flux physiques de matière et d’énergie nécessaires de la production à la vente finale. À partir de cette cartographie des flux, elle donne ensuite accès à une série d'indicateurs environnementaux dont l'empreinte carbone.

La méthodologie ACV s’est développée de manière importante depuis le début des années 2000. L'approche en ACV est rigoureuse, normée, mais cette modélisation a du mal à saisir toute la chaîne de valeur de plus en plus complexe d'un produit : nombreux lieux de production, nombreux lieux de ventes, sous-traitance complexes, logistique compliquée et multi-produits, retours terrain de mise en place ou d'utilisation éloignés de la théorie, budgets de publicité, impacts du commercial/marketing, etc.

Les méthodes de calcul et les consensus scientifiques progressent au fur et à mesure des nouvelles connaissances (nouveaux modèles et accès aux données de production). MyCO2 se donne comme objectif de suivre de près cette évolution régulière afin de disposer d'un modèle cohérent avec le consensus scientifique.

III. La méthode macroéconomique, qu'est-ce que c'est ?


Si la méthode issue des analyses de cycle de vie des produits est incontournable, la méthode macroéconomique est encore aujourd'hui peu connue. Idéalement, les deux approches devraient aboutir à des résultats identiques lorsqu'on souhaite mesurer l'empreinte carbone moyenne d'un·e français·e mais pour l'instant l'ACV ne peut pas englober l'ensemble des flux complexes d'une entreprise à l'origine d'émissions de GES comme nous l'avons décrit précédemment.

La méthode macroéconomique retrace les émissions atmosphériques par activités économiques (codes CPA) à partir de l'ensemble des flux monétaires de la comptabilité nationale. C'est cette méthode qui est utilisée par le Ministère pour évaluer l'empreinte carbone du pays 2. Les émissions directes des ménages sont intégrées directement des inventaires français du CITEPA : chauffage résidentiel, véhicules individuels, etc.

Grâce à une analyse interindustrielle, chaque euro de demande finale est décomposé en fonction des consommations intermédiaires des entreprises ayant produit cette demande finale y compris celles en dehors de France (émissions importées). Pour chaque euro d'une activité, une intensité carbone lui est associée. Un processus itératif conduit au poste le plus en amont à savoir les émissions directes (Scope 1) des entreprises.

La matrice complète alors obtenue (par GES) permet d'identifier pour chaque euro de consommation finale l'ensemble des émissions des activités qui ont été nécessaires en amont : tous les achats des entreprises en amont, y compris les achats de déplacements professionnels, de publicité, de services de type assurance, de finance, de la sous-traitance, etc.

Cette approche n'est pas parfaite et va encore évoluer (groupe d'expert en France, projet Figaro au niveau européen), mais elle a l'avantage de saisir la complexité des flux financiers des différents acteurs dont les entreprises ! C'est pour cela qu'elle est utilisée par le ministère de la transition écologique pour calculer l'empreinte carbone moyenne en France !

IV. Les différentes évolutions


La confrontation des deux méthodes explicitées précédemment met en lumière les postes d'émissions avec des écarts significatifs et aboutit à deux types de modifications dans l'utilisation de MyCO2 :
  • La révision du modèle avec:
    • une vérification des algorithmes actuels pour vérifier que la moyenne des utilisateurs - retraitée statistiquement des biais - retombe bien sur la moyenne nationale pour chaque poste d'émissions de GES
    • l'ajout de consommations jusqu'alors non proposées dans le formulaire narratif (telles que la climatisation, les animaux de compagnie, etc)
  • L'élargissement du périmètre du contenu carbone avec :
    • la prise en compte des autres gaz à effet de serre traités par ailleurs par le CITEPA (à savoir HFC, PFC et SF6 en plus du CO2, N2O et CH4) en ajoutant la part importée et en retirant la part exportée
    • l'ajout des impacts de la déforestation importée
    • l'ajout des activités, associées aux codes CPA de la comptabilité nationale, qui apparaissent le long de la chaîne de valeur d'un produit mais qui ne sont pas prises directement en compte dans une étude d'analyse de cycle de vie. Par exemple, les émissions liées aux différentes étapes du cycle de vie des aliments étaient prise en compte dans le formulaire (culture agricole, transport, transformation, distribution). Cette vision a été complétée en ajoutant les émissions liées aux infrastructures et à l'ensemble de la chaîne amont (les usines, les machines, les invendus alimentaires , la construction du parking ou de l'entrepôt pour le stockage, etc).


L'ensemble des ces améliorations devrait nous conduire à une élévation moyenne de +1,8 tonnes pour les participant·es aux conférences MyCO2 (voir le détail dans les illustrations ci-dessous). Ce résultat est cohérent avec la différence observée jusqu'à présent entre nos résultats en conférence MyCO2 et la valeur de l'empreinte carbone par personne en France, obtenue à partir de la vision macroéconomique.

Note importante : la vision macro a fortement rehaussé l'empreinte carbone de l'amont des combustibles fossiles. Nous l'intégrons pour des raisons de comparabilité, mais une attention particulière sera portée à l'évaluation de cet écart : échanges Ministère, benchmark de données d'entreprises du secteur, etc.

Voici en image les évolutions majeures que nous avons apportées pour chacun des postes :